Amateur de modélisme ferroviaire et des chemins de fer en général, j’ai mis ma passion de côté durant plusieurs années pour des motifs professionnels, comme bon nombre d’entre nous.
Enfant, c’est le jeu qui m’a fait aimer le chemin de fer, adolescent et jeune adulte, c’est la technique qui m’a fasciné et puis le temps de la recherche du détail et de la perfection a progressivement fait perdre l’essence même de la passion, à savoir l’esprit du jeu.
L’expérience m’a montré que de nombreux loisirs sont frappés par cette quête sans fin de la perfection au point d’en devenir une obsession et même très souvent se transformer en souffrance, faute de pouvoir atteindre l’impossible. C’est vrai dans le sport comme dans l’art pour ne citer que ces exemples. Le modélisme ferroviaire n’y échappe pas et il m’a fallu longtemps pour me défaire de cette croyance en la vérité de la fidélité de reproduction sans concession.
La vie même est faite de concessions, alors pourquoi vouloir soumettre un loisir à une telle contrainte qui relève d’une forme de violence que l’on s’inflige à soi même. D’ailleurs notre cerveau est fait de telle sorte qu’il remplit les vides, autrement dit, il suffit presque toujours de suggérer un détail pour que notre cerveau nous apporte l’image complète pour notre plus grand plaisir.
Cette introduction un peu philosophique me permet de dire qu’aujourd’hui je tourne le dos aux discours obsessionnels de perfection auxquels certaines revues de modélisme françaises ont trop souvent servi de caisse de résonance. Que le nombre de rivets n’y soit pas, que la cote diffère de quelques dixièmes de millimètres par rapport à l’échelle exacte ou que la couleur ne corresponde pas strictement à la teinte du nuancier, ce n’est pas ça qui me procure le plaisir du jeu.
Au contraire, ces discours peuvent souvent être préjudiciables.
N’est-ce pas, en partie, en raison des critiques incessantes formulées contre Jouef que nous ne disposons plus aujourd’hui de matériel d’entrée de gamme pour un prix raisonnable qui permet au plus grand nombre d’accéder au modélisme ferroviaire. C’est pour cette même raison que nous n’avons plus à notre disposition de modèles accessibles qui peuvent servir de base à toutes les transformations et à toutes les amélioration que nous souhaiterions entreprendre.
Un économiste dirait que le ticket d’entrée pour accéder au modélisme ferroviaire est trop élevé , ce qui peut aussi expliquer en partie l’absence de renouvellement par la nouvelle génération.
Bref, je suis revenu au modélisme ferroviaire avec l’esprit qu’il n’aurait jamais du perdre : l’esprit du jeu et du loisir au sens le plus noble du terme.
Le jeu et le loisir sont une nourriture saine pour notre cerveau, il me semble donc plus important d’avoir une forme de cohérence dans notre approche du modélisme. En d’autres termes, faire rouler un matériel ultra détaillé dans un décor sommaire se révèle choquant pour l’oeil.
Fort de ce constat, chacun est un jour ou l’autre confronté au choix suivant :
- Mettre son matériel sous vitrine pour l’exposer et en apprécier chaque détail, à la loupe s’il le faut.
- Exploiter un réseau pour le plaisir du mouvement et de la technique même avec un niveau de reproduction ou un décor sommaire.
- Mettre son matériel en situation avec une fidélité de reproduction maximale tant pour le matériel ferroviaire que pour le décor.
Bien entendu toutes les combinaisons entre ces options sont possibles et chacun apporte ses réponses personnelles, cependant le besoin de cohérence subsiste.
Ainsi pour la recherche de la fidélité maximale, le temps, le budget et les compétences nous limitent souvent à de très petites saynètes, voire à des dioramas.
Concernant les compétences, je déplore aussi que l’on puisse laisser entendre que les techniques les plus pointues puissent être à la portée de tout un chacun, c’est souvent une source de déception. Combien d’entreprises d’amélioration ou de patine se sont soldées par des désillusions cuisantes. Des articles qui vantaient la facilité de la gravure chimique du laiton ou de la fonderie à la cire perdue ont pu faire croire que ces techniques étaient accessibles au plus grand nombre. Il faut toujours garder à l’esprit que tous ces travaux nécessitent, outre le matériel, un savoir, du savoir faire et de l’expérience.
Il en est de même avec les techniques plus récentes telles que la CNC, la découpe laser ou l’impression 3D. Il s’agit de véritables chaines de production qui requièrent des compétences de bureau d’études, de bureau des méthodes et d’atelier de fabrication, sans compter la phase de conception qui relève des métiers de l’ingénieur. Le tout fait appel à des logiciels spécialisés dans la commande des machines, le dessin technique ou la modélisation 3D qui dépassent largement le cadre des activités de bureautique.
Il est cependant un point qui est indispensable pour le plaisir du jeu, c’est un fonctionnement fiable. Une locomotive bruyante qui avance par a-coups ou des voitures et des wagons qui déraillent sont une réelle nuisance.
Ma conception du modélisme, même si elle reste toujours fortement empreinte de technique, vise à :
- rester dans un budget très accessible.
- obtenir le meilleur résultat dans le meilleur temps, autrement dit, consacrer 20% du temps nécessaire pour obtenir 80% du résultat.
- rendre tous mes travaux reproductibles.
- finalement partager ce que je réalise avec d’autres amateurs en mettant ces réalisations à disposition en ligne.
Comme il est toujours important de pouvoir être étiqueté, j’en suis resté à la commande analogique avec une préférence marquée pour le HO.
Mon réseau n’a pas supporté les multiples déménagements, il y a donc tout un chantier en cours pour ce qui sera un réseau d’exposition du matériel Jouef, Hornby ou Lima jusqu’aux environs de 2000 dans un décor plausible.
Le matériel plus récent reste donc sur étagère puisqu’il mérite d’être observé sous toutes ses coutures ou d’être photographié en situation et qu’il est inutile de disposer d’une telle fidélité de reproduction pour du matériel en circulation.
Ce site me permet de partager mes travaux avec la communauté des modélistes et des amateurs de chemin de fer.
Tout avis ou toute critique, par définition constructive et porteuse d’amélioration et de progrès, sont particulièrement bienvenus.
Je préfère l’écrire une seule fois, les critiqueurs professionnels aux yeux desquels rien ne trouve grâce puisqu’il y a toujours un micro-détail qui ne convient pas ne trouveront pas de tribune sur ce site. Comme dans toute communauté, ces critiqueurs professionnels sont une très petite minorité à laquelle on prête trop d’attention mais qui n’est certainement pas représentative du plus grand nombre, loin s’en faut.
Pour terminer cette présentation sur une note positive, je pense que la communauté des modélistes et des amateurs de chemin de fer est magnifique parce que composée de gens passionnés avec lesquels c’est un réel plaisir d’échanger.